Trauma Bonding : Comprendre ce Lien Invisible qui te Retient

Tu sais que cette relation te détruit. Et pourtant, partir semble impossible. Ce n'est pas de la faiblesse — c'est de la biochimie.

Femme regardant par la fenêtre, représentant le sentiment d'être piégée dans une relation toxique

Pourquoi rester avec quelqu'un qui te fait du mal ? Cette question, je me la suis posée pendant des mois après ma propre rupture. Et je l'entends presque chaque semaine en séance. La réponse n'est jamais simple — et elle n'a rien à voir avec l'intelligence ou la force de caractère.

Le trauma bonding (ou lien traumatique) est un mécanisme psychologique puissant qui crée un attachement paradoxal envers une personne qui nous maltraite. Ce n'est pas de l'amour. Ce n'est pas de la dépendance affective classique. C'est quelque chose de plus profond, inscrit dans ton système nerveux.

Ce que le trauma bonding fait à ton cerveau

Imagine un cycle : tension, explosion, réconciliation. Ton cerveau, confronté à cette alternance de peur et de soulagement, produit un cocktail hormonal addictif. La dopamine explose lors des phases de "lune de miel". Le cortisol sature ton système pendant les crises. Et ton cerveau finit par associer cette personne à ta survie même.

Ce qu'il faut comprendre

Le trauma bonding n'est pas un choix conscient. C'est une réponse adaptative de ton système nerveux face à un danger perçu comme inévitable. Ton cerveau te dit : "Si je m'attache à cette personne, j'ai plus de chances de survivre."

Sur mes 150 accompagnements, environ 35% impliquaient une forme de trauma bonding — souvent non identifié. Ces personnes me disaient : "Je sais que c'est toxique, mais je n'arrive pas à partir." Résultat ? Des années perdues dans un cycle de ruptures et de réconciliations.

Les signes qui ne trompent pas

Comment savoir si tu es dans un trauma bonding plutôt que dans une relation "juste compliquée" ? Voici ce que j'observe régulièrement :

  • Tu défends ton partenaire face aux autres, même quand tu sais qu'ils ont raison
  • Les moments de "calme" te semblent irréels, tu attends toujours la prochaine crise
  • Tu te sens physiquement malade à l'idée de partir — panique, nausées, vertiges
  • Tu minimises systématiquement ce que tu as subi : "ce n'était pas si grave"
  • Tu crois sincèrement que personne d'autre ne t'aimera "vraiment"

Je me souviens d'une cliente, Amélie, 34 ans. Elle avait quitté son compagnon six fois en deux ans. À chaque fois, elle revenait dans les 48 heures. Ce qui la ramenait ? Pas l'amour. La terreur. Une panique physiologique qu'elle ne comprenait pas. Quand on a travaillé sur son histoire familiale, on a découvert qu'elle avait appris très tôt à associer amour et chaos.

Pourquoi le conseil "quitte-le/la" ne fonctionne pas

Si tu en es là, tu as probablement entendu cent fois : "Pourquoi tu ne pars pas ?" Et cette question te fait te sentir encore plus nulle. Parce que tu voudrais partir. Vraiment.

Ce que tes proches ne comprennent pas — et je sais de quoi je parle, j'ai mis 2 ans à comprendre ça — c'est que le trauma bonding désactive littéralement ta capacité à agir dans ton propre intérêt. Ton système nerveux est convaincu que rester = sécurité, partir = mort.

Mon observation terrain : les personnes qui réussissent à sortir d'un trauma bonding le font rarement d'un coup. C'est un processus en plusieurs phases, avec des rechutes. Et c'est normal. Le sevrage émotionnel est réel.

Les étapes pour commencer à te libérer

Je ne vais pas te dire que c'est facile. Ce serait te mentir. Mais voici ce qui fonctionne, basé sur ce que j'observe en accompagnement :

1. Nommer ce que tu vis

Avant de pouvoir changer quoi que ce soit, il faut appeler les choses par leur nom. Ce n'est pas "une relation compliquée". Ce n'est pas "de l'amour passion". C'est un trauma bonding. Cette prise de conscience, aussi douloureuse soit-elle, est le premier pas.

2. Documenter sans juger

Tiens un journal des faits — pas des émotions. Note ce qui s'est passé, quand, comment. Pas pour alimenter ta colère, mais pour contrer le gaslighting (le tien, souvent). Parce que ton cerveau va minimiser. C'est son job.

3. Reconstruire ton système de soutien

Le trauma bonding isole. C'est son mécanisme de survie. Reprendre contact avec des personnes de confiance — même juste une — est essentiel. Pas pour qu'ils te disent quoi faire. Pour qu'ils te rappellent qui tu étais avant.

4. Travailler sur le corps, pas seulement la tête

Le coaching — contrairement à la thérapie — ne remplace pas un suivi psy quand il y a trauma. Mais ce que j'intègre systématiquement, c'est le travail somatique. Respiration, ancrage, régulation du système nerveux. Parce que le trauma bonding vit dans ton corps autant que dans ta tête.

Checklist : es-tu prête à commencer ?

  • Tu reconnais que ce n'est pas "juste toi qui es trop sensible"
  • Tu as au moins une personne à qui tu peux parler honnêtement
  • Tu acceptes que ce sera un processus, pas un déclic magique
  • Tu es prête à envisager un accompagnement professionnel (coach ET/OU psy)

Quand le coaching ne suffit pas

Je vais être directe : si tu es en situation de violence physique, le coaching n'est pas la première étape. La sécurité physique prime. Numéro à connaître : 3919 (Violences Femmes Info).

Et même sans violence physique, certains trauma bondings nécessitent un travail thérapeutique profond — EMDR, thérapie du trauma, parfois psychiatrie. Mon rôle de coach, dans ces cas-là, c'est de t'accompagner EN PARALLÈLE d'un suivi psy, pas de le remplacer. En supervision, on voit souvent ce pattern : des coaches qui veulent tout gérer, et des clients qui s'enlisent.

(Je ne suis pas certaine que le coaching seul soit la meilleure approche pour tous les profils de trauma bonding. Ça dépend vraiment de l'intensité du trauma, de sa durée, et de ton histoire personnelle.)

Et après ?

Sortir d'un trauma bonding, ce n'est pas juste quitter une relation. C'est apprendre à reconnecter avec toi-même. À faire confiance à tes sensations. À distinguer l'excitation toxique de l'amour sécure.

Ce que mes collègues psychologues observent aussi : les personnes qui ont vécu un trauma bonding ont souvent peur de l'ennui dans les relations saines. L'absence de drame leur semble suspecte. C'est un travail en soi d'apprendre que le calme peut être désirable.

Si tu te reconnais dans ce que tu viens de lire, sache que tu n'es pas folle. Tu n'es pas faible. Tu es humaine, avec un système nerveux qui a fait de son mieux pour te protéger. Et oui, tu peux t'en sortir.

Tu veux en parler ?

Si tu sens que tu es peut-être dans un trauma bonding et que tu veux démêler tout ça avec quelqu'un qui comprend, contacte-moi pour une première séance d'exploration. Pas d'engagement, pas de pression.

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Maëva Corentin

Maëva Corentin

Diplômée d'école de commerce (EM Lyon), carrière de 8 ans en RH dans une multinationale tech. Burnout professionnel à 32 ans déclenché par une rupture amoureuse brutale qui a fait s'effondrer toutes ses certitudes. Formation intensive en coaching (certifiée ICF), spécialisation en Analyse Transactionnelle et Communication Non Violente. Formation complémentaire en constellations familiales et attachement (approche Bowlby/Ainsworth).

Article mis à jour le

Sources et références

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