"Je tombe toujours sur des hommes indisponibles." "Elle ressemblait pourtant à l'opposé de mon ex — et finalement, même scénario." Ces phrases, je les entends chaque semaine. Et pendant longtemps, je les ai moi-même prononcées sans comprendre ce qui se jouait vraiment.
Les schémas répétitifs en amour ne sont pas une malédiction. Ce ne sont pas non plus des "mauvais choix" conscients. Ce sont des programmes inconscients, souvent installés dans l'enfance, qui t'orientent — malgré toi — vers des partenaires qui vont confirmer ce que tu crois déjà sur toi-même et sur l'amour.
D'où viennent ces schémas ?
La théorie de l'attachement — développée par Bowlby et Ainsworth — nous donne une clé de lecture puissante. Dès les premières années de vie, tu as appris un modèle relationnel. Pas par les mots de tes parents, mais par leur présence, leur disponibilité émotionnelle, leur façon de répondre (ou non) à tes besoins.
Ce que ça signifie concrètement
Si ton père était émotionnellement absent, tu as peut-être appris que l'amour, c'est quelque chose qu'on doit mériter, qu'on doit aller chercher. Adulte, tu es attirée par des hommes qui te font courir après leur attention — parce que c'est ça, pour toi, que ressemble l'amour.
Dans 80% des cas de dépendance affective que j'accompagne, il y avait un parent émotionnellement absent dans l'enfance. Ce n'est pas de la faute de qui que ce soit — c'est un constat qui permet de comprendre, pas d'accuser.
Les 4 schémas répétitifs les plus fréquents
En 4 ans de pratique et plus de 150 accompagnements, j'ai identifié des patterns récurrents. Tu te reconnaîtras peut-être dans l'un d'eux.
1. Le schéma du sauveur
Tu es attiré·e par des personnes "cassées" que tu veux réparer. Derrière ce pattern généreux se cache souvent une croyance : "Je n'ai de valeur que si je suis utile." Les relations deviennent des projets de réparation plutôt que des échanges égalitaires.
2. Le schéma de l'indisponible
Tu tombes systématiquement sur des personnes qui ne peuvent pas s'engager — déjà en couple, géographiquement éloignées, émotionnellement fermées. Et c'est exactement là que tout se joue : l'inaccessibilité devient la preuve que tu mérites l'amour.
3. Le schéma de la fusion
Dès les premiers jours, tu veux tout partager. Tu t'adaptes complètement à l'autre, tu perds tes contours. Puis, inévitablement, l'autre étouffe ou tu te réveilles vidé·e de toi-même. Résultat ? Trois mois de souffrance inutile, à chaque fois.
4. Le schéma du saboteur
Quand ça va bien, tu trouves le moyen de tout faire exploser. Parce que le bonheur te met mal à l'aise. Parce qu'attendre la chute est plus insupportable que de la provoquer toi-même.
Thomas, 41 ans, est venu me voir après sa quatrième rupture avec le "même type de femme" — brillante, distante, critique. En creusant, on a découvert que sa mère, très aimante mais perfectionniste, ne validait jamais rien sans pointer ce qui aurait pu être mieux. Thomas cherchait inconsciemment des femmes qui reproduisaient ce schéma — parce que l'approbation conditionnelle, c'était tout ce qu'il connaissait de l'amour.
Pourquoi la "volonté" ne suffit pas
Si tu te dis "cette fois, je vais faire différemment" à chaque nouvelle relation, tu as probablement remarqué que ça ne marche pas. Ce n'est pas un problème de volonté. C'est un problème de système nerveux.
Les recherches de Sue Johnson sur l'attachement adulte montrent que nos schémas relationnels sont encodés dans notre corps, pas juste dans notre tête. Quand tu rencontres quelqu'un qui "fit" ton schéma, ton système nerveux s'active — cette sensation de "connexion instantanée", c'est souvent la reconnaissance d'un pattern familier, pas l'amour.
Mon observation terrain : sur mes 150 accompagnements, environ 60% des personnes reproduisaient le schéma d'attachement anxieux. Elles confondaient l'intensité anxieuse (le cœur qui bat vite, l'obsession, l'incertitude) avec l'amour passionnel. Apprendre à distinguer les deux est un travail en soi.
Comment sortir du cycle : les vraies étapes
Briser un schéma répétitif, ce n'est pas décider de "mieux choisir". C'est un processus en plusieurs couches.
Étape 1 : Cartographier ton histoire
Avant de changer quoi que ce soit, il faut comprendre. Quelles sont les relations amoureuses marquantes de ton passé ? Qu'est-ce qui t'a attiré·e au départ ? Comment ça s'est terminé ? Quels sont les points communs entre ces relations ? Et surtout : que reproduisaient-elles de ton enfance ?
Étape 2 : Identifier tes "faux critères"
Tu crois savoir ce que tu veux ? Attention. Les critères conscients ("quelqu'un de gentil, de stable") sont souvent sabotés par les critères inconscients ("quelqu'un qui me fait douter de ma valeur, parce que c'est ça l'amour pour moi").
Étape 3 : Reprogrammer le corps, pas juste la tête
C'est là que beaucoup d'approches échouent. On travaille sur les pensées, les croyances — mais le schéma reste inscrit dans le corps. La régulation émotionnelle, les techniques somatiques, parfois l'EMDR, sont essentiels pour vraiment transformer le pattern.
(Je ne suis pas certaine que le travail cognitif seul soit suffisant pour tous les profils. Ça dépend vraiment de l'ancienneté du schéma et de l'intensité du vécu émotionnel associé.)
Questions pour identifier ton schéma
- Quel type de personne t'attire instantanément (feeling au premier regard) ?
- Comment te sens-tu dans les premiers mois d'une relation (en sécurité ou en alerte) ?
- Comment réagis-tu quand l'autre s'éloigne (poursuite, repli, sabotage) ?
- Qu'est-ce qui te manquait dans ton enfance que tu cherches encore aujourd'hui ?
L'erreur que tout le monde fait
Chercher "l'opposé" de ton ex n'est pas la solution. Je le vois constamment : après une relation avec un homme distant, tu te jettes sur un homme très présent — qui s'avère être envahissant. Après une femme passive, tu choisis une femme affirmée — qui devient contrôlante.
Le problème n'est pas le type de personne. Le problème, c'est ton filtre de sélection, ton radar interne calibré par ton histoire. Tant que tu ne recalibres pas ce radar, tu changeras de décor sans changer de film.
Une vérité difficile à entendre
Je vais être directe, parce que je crois que tu mérites l'honnêteté : parfois, les schémas répétitifs sont aussi un moyen de ne pas être vraiment en relation. Choisir l'indisponible te protège du risque réel d'intimité. Saboter quand ça va bien te protège de la vulnérabilité d'être aimé·e vraiment.
Ce n'est pas un reproche. C'est une piste. Et c'est souvent là que le vrai travail commence — pas dans le choix du partenaire, mais dans ta capacité à recevoir l'amour quand il est là.
Prête à cartographier tes schémas ?
En séance, on prend le temps de remonter le fil de ton histoire amoureuse. Pas pour juger, mais pour comprendre. Et surtout, pour te donner les outils concrets pour faire différemment — vraiment.
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Maëva Corentin
Diplômée d'école de commerce (EM Lyon), carrière de 8 ans en RH dans une multinationale tech. Burnout professionnel à 32 ans déclenché par une rupture amoureuse brutale qui a fait s'effondrer toutes ses certitudes. Formation intensive en coaching (certifiée ICF), spécialisation en Analyse Transactionnelle et Communication Non Violente. Formation complémentaire en constellations familiales et attachement (approche Bowlby/Ainsworth).
Article mis à jour le
Sources et références
- Resalib - Annuaire des coachs professionnels certifiés — Standards de certification en coaching
- Mantra Coach - Life Coach France — Référentiel des pratiques de coaching de vie
- Mon Coach Franchise — Ressources et formations professionnelles