Après une Relation Toxique

Tu es sorti·e, mais tu ne te sens pas libre. Normal. Ce que tu traverses n'est pas une simple rupture. C'est une reconstruction identitaire. Et ça prend du temps — plus que ce qu'on voudrait.

Je vais être honnête avec toi dès le départ : cet article ne va pas te donner "5 astuces pour oublier ton ex toxique". Ce genre de promesse, c'est du bullshit. Après une relation toxique, on ne "passe à autre chose" en quelques semaines avec les bonnes techniques.

Ce que je vais partager ici vient de mes 4 ans de pratique avec des personnes qui sortaient de relations destructrices — et de ma propre expérience. Parce que oui, j'y suis passée aussi.

Quand j'ai découvert que mon ex me trompait depuis 18 mois, ce n'est pas la trahison qui m'a le plus détruite. C'est de réaliser que j'avais ignoré tous les signaux. Que j'avais minimisé, excusé, compensé. Pendant 5 ans. Et que ce schéma ne datait pas de cette relation, mais de bien plus loin.

Pourquoi tu te sens si mal (même si tu sais que tu as bien fait de partir)

La première chose à comprendre : ce que tu ressens n'est pas de la faiblesse. C'est de la biochimie.

Les relations toxiques créent ce qu'on appelle le trauma bonding (lien traumatique). Le cycle alternant entre moments de tendresse intense et comportements destructeurs provoque des pics de dopamine suivis de chutes brutales. Ton cerveau s'est littéralement habitué à ces montagnes russes émotionnelles.

Ce qu'il faut comprendre

Le manque que tu ressens ressemble physiologiquement à un sevrage. C'est pour ça que des personnes intelligentes, accomplies, retournent vers des partenaires toxiques. Ce n'est pas de l'amour. C'est une dépendance neurologique.

Sur mes 150+ accompagnements, j'ai observé que les personnes sortant de relations toxiques passent en moyenne par 3 à 5 "retours" avant la rupture définitive. Si tu es dans ce cas, arrête de te juger.

Les 4 phases de la reconstruction (que personne n'explique clairement)

Phase 1 : Le choc et le soulagement mêlé de culpabilité

Tu es soulagé·e d'être parti·e. Et en même temps, tu te sens coupable de ce soulagement. Tu te demandes si tu exagères, si c'était vraiment "toxique" ou si tu es trop sensible.

Cette phase peut durer quelques jours à quelques semaines. Le piège ici : minimiser ce que tu as vécu. C'est le moment où beaucoup de personnes retournent vers leur ex parce qu'elles ont "oublié" pourquoi elles sont parties.

Mon conseil : écris tout. Les moments où tu t'es senti·e rabaissé·e, manipulé·e, invisible. Pas pour ressasser, mais pour avoir un ancrage quand les bons souvenirs (et ils existent, sinon tu n'y serais pas resté·e) reviendront te hanter.

Phase 2 : Le manque et la colère

Le manque physique arrive, souvent quelques semaines après la séparation. Tu peux avoir envie de reprendre contact, de "juste savoir comment il/elle va". Ne le fais pas. C'est le trauma bonding qui parle.

La colère vient souvent après le manque. Colère contre l'autre, mais aussi contre toi-même. "Comment j'ai pu accepter ça ?" Cette colère est saine — à condition de ne pas rester bloqué·e dedans.

Ce que mes collègues psychologues observent aussi : cette phase est souvent le moment où des émotions anciennes, sans rapport apparent avec la relation, remontent. C'est normal. La relation toxique avait créé un couvercle sur tout ça.

Phase 3 : La remise en question profonde

C'est la phase la plus difficile — et la plus transformatrice. Tu commences à te demander pourquoi tu as accepté cette relation, pourquoi tu n'as pas vu les signaux, pourquoi tu as reproduit ce schéma (si ce n'est pas ta première relation toxique).

Et c'est exactement là que tout se joue.

Dans 80% des cas de dépendance affective que j'accompagne, il y avait un parent émotionnellement absent ou imprévisible dans l'enfance. Pas forcément maltraitant — juste... pas fiable émotionnellement. Et l'enfant a appris que pour être aimé, il fallait se sur-adapter, anticiper les humeurs, devenir invisible pour éviter le conflit.

Cette prise de conscience peut être douloureuse. Mais elle est nécessaire pour ne pas reproduire le schéma.

Questions à explorer (idéalement avec un·e psy ou coach)

  • Quel était ton rôle dans ta famille d'origine ? Le médiateur ? L'invisible ? Le parfait ?
  • Quel parent était émotionnellement indisponible ou imprévisible ?
  • Qu'as-tu appris sur l'amour dans ton enfance ? Qu'il fallait le mériter ? Le conquérir ?
  • Ton ex toxique ressemblait-il/elle (dans son fonctionnement émotionnel) à l'un de tes parents ?

Phase 4 : La reconstruction (vraie)

Cette phase ne commence que quand tu as traversé les précédentes — pas contourné, traversé. Tu te reconnectes à tes besoins, tes envies, ton identité en dehors de la relation.

Je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure approche pour tous les profils, mais ce que j'observe chez mes clients : les personnes qui se reconstruisent durablement sont celles qui ont pris le temps du célibat. Pas du célibat forcé et amer, mais d'une vraie période de redécouverte de soi.

Personnellement, j'ai passé 2 ans seule après ma dernière relation toxique. Deux ans à apprendre à m'accompagner moi-même, à ne plus chercher à l'extérieur une validation qui devait venir de l'intérieur. Et je sais de quoi je parle, j'ai mis 2 ans à comprendre ça.

Ce qui aide vraiment (et ce qui n'aide pas)

Ce qui aide

  • Le no contact strict — Pas de "on reste amis", pas de vérification des réseaux, pas de messages "juste pour prendre des nouvelles"
  • Un accompagnement professionnel — Thérapie (si trauma profond) et/ou coaching (pour les schémas relationnels). Le coaching — contrairement à la thérapie — ne remplace pas un suivi psy si tu as des traumatismes à traiter
  • Le travail sur le corps — Les recherches de Bessel van der Kolk montrent que le trauma se stocke dans le corps. Yoga, danse, sport, massage... tout ce qui te reconnecte à tes sensations
  • Apprendre la régulation émotionnelle — Pas pour réprimer tes émotions, mais pour ne plus être submergé·e par elles

Ce qui n'aide pas (même si ça soulage temporairement)

  • Se lancer immédiatement dans une nouvelle relation — La relation "pansement" reproduit souvent les mêmes schémas, parfois avec quelqu'un de pire
  • Diaboliser son ex — Oui, son comportement était toxique. Mais rester dans la rage t'empêche de regarder ta propre part (pourquoi tu l'as choisi·e, pourquoi tu es resté·e)
  • Les "affirmations positives" superficielles — "Je mérite l'amour" devant ton miroir ne changera pas ton style d'attachement. Ça demande un travail plus profond
  • Vouloir "tourner la page" trop vite — Le temps de reconstruction varie selon la durée et l'intensité de la relation. En moyenne, compte 1 mois de reconstruction pour chaque année de relation toxique (minimum)

Quand le coaching ne suffit pas

Ce que les autres coaches ne te diront pas : parfois, le coaching n'est pas suffisant.

Si tu as vécu de la violence (physique, verbale, sexuelle), si tu as des flashbacks, des crises d'angoisse, des comportements d'évitement prononcés — tu as besoin d'une thérapie spécialisée dans le trauma (EMDR, somatic experiencing, etc.), pas uniquement d'un coaching.

En supervision, on voit souvent ce pattern : des personnes qui "font du développement personnel" depuis des années sans avancer, parce qu'elles ont des traumatismes non traités qui nécessitent une prise en charge clinique.

Quand orienter vers un·e psy plutôt qu'un coach ?

  • • Symptômes de stress post-traumatique (flashbacks, cauchemars, hypervigilance)
  • • Idées suicidaires ou d'automutilation
  • • Troubles alimentaires ou addictions apparues pendant/après la relation
  • • Incapacité à fonctionner au quotidien (travail, vie sociale)
  • • Violences physiques ou sexuelles subies

La vraie question : pourquoi maintenant ?

Si tu lis cet article, c'est que tu es prêt·e à quelque chose. Peut-être que tu viens de partir. Peut-être que tu hésites encore. Peut-être que tu es sorti·e il y a des mois mais que tu ne sens pas d'évolution.

Ça dépend vraiment de ta situation personnelle, difficile de généraliser. Mais une chose est certaine : la reconstruction après une relation toxique ne se fait pas seul·e. Et elle ne se fait pas en restant dans sa tête.

Les schémas amoureux se transforment par la conscience corporelle autant que mentale. C'est une conviction forte que je porte depuis ma propre reconstruction : le travail intellectuel seul ne suffit pas. Ton système nerveux a besoin de vivre de nouvelles expériences pour créer de nouveaux câblages.

Et parfois, certaines relations doivent mourir pour que tu vives. Celle-ci en faisait partie.

Contacte-moi si tu veux en parler. Les premières séances de découverte me permettent d'évaluer si le coaching est adapté à ta situation — ou si je dois t'orienter vers un·e collègue psy.

Maëva Corentin

Maëva Corentin

Coach certifiée ICF, spécialisée en Analyse Transactionnelle et théorie de l'attachement. Après 8 ans en RH et un burnout déclenché par une rupture brutale, j'accompagne depuis 4 ans celles et ceux qui veulent sortir des répétitions amoureuses. Ma propre reconstruction après une relation toxique a duré 2 ans — ce temps m'a appris l'importance de ne pas précipiter le processus.

Article mis à jour le

Sources et références

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